Prêtre et rodéo
Cordoba ne nous a pas tant époustouflés. Nous y avons retrouvé la chaleur, l’architecture et les galères de nos vacances habituelles. A 1h d’ici, le festival folklorique de Jésus Maria nous tend les bras ! Arrivés dans les gradins, nous retrouvons une population des plus classiques pour notre 1er festival de l’année : des ados excités, des jeunes un peu bourrés et quelques familles. Sur scène en revanche, se joue un étonnant mélange de chants traditionnels, discours de prêtre, concert de l’armée, danse folklorique, intervention d’élu, hymne nationale et rodéo. Finalement, personne ne regarde vraiment le spectacle, tout le monde s’enjaille dans une joyeuse ambiance !
Tous terrains, tous paysages
Direction Salta pour effectuer un road-trip de 7 jours dans des paysages tantôt arides tantôt humides mais toujours désertiques. Pour cela nous louons un 4×4 avec Hélène et Marion, deux “meufs” fort sympathiques avec qui nous créchons de village en village au milieu de nulle part.
Le voyage au milieu des montagnes se fait au doux son du rock californien, de “Ahora no te puedes marchar” (reprise de “à présent tu peux t’en aller”) ainsi que de la playlist “Papillons de nuit” 2001-2019. Promotion normande oblige !
En rouge et vert… ces montagnes de couleurs
Les paysages sont parfois verts, parfois multicolores, souvent rouges. Notre peau prend peu à peu cette dernière couleur. Le clou du spectacle est “El Hornocal” dit “la montagne des 14 couleurs”. Rouge, verte, violette, jaune, orange, rose et blanche… C’est le moment de consulter son Pantone pour retrouver les 7 autres nuances. Difficile d’expliquer ce paysage avec nos maigres connaissances en géologie. Sachons seulement que la base calcaire nommée Yacoraite est apparue il y a 75 millions d’années et qu’en tout ce temps il s’en passe des chose ! La mer puis la plage, entre autres, sont passées par là et y ont chacune laissé une couche de sédiment ensuite révélées par l’activité tectonique.
A la foire aux fromages
Sur le chemin, nous rencontrons quelques habitants mais pratiquement aucun touriste. Il faut dire que la route n’est pas aisée. Elle secoue, nous inquiète parfois et puis nous embourbe.
Être les seuls étrangers du coin implique de se faire interviewer par la télé locale au “festival de la chèvre”, avec applaudissement de la foule en supplément. Notre bronzage normand et notre accent français ne font donc toujours pas illusion…
Ca c’est quand on a bravé un obstacle en franchissant une rivière !
Cela nous paraissait plus impresssionant sur le coup…
Vous reprendrez bien un peu de sel
Arrivés aux “Salinas grandes”, comme de bons touristes nous nous prêtons au jeu des illusions d’optique sans toujours bien comprendre ce que nous faisons. Cet endroit étonnant fait partie d’un des nombreux lacs à s’être complètement asséché et n’avoir laissé derrière lui qu’une épaisse couche de sel encore aujourd’hui récolté par les quechuas.
Lama VS Âne
Le voyage se transforme peu à peu en safari végétal et animalier. Nous nous promenons au milieu de cactus pouvant atteindre jusqu’à 10m de haut. Nous nous arrêtons au milieu des troupeaux de vigognes, ancêtres et cousines du lama. Nous découvrons des perroquets perchés dans leurs arbres et des flamants roses insatiables, toujours bec dans l’eau. Les ânes, on se demande un peu ce qu’ils font là. Ce serait les colons espagnols qui les auraient importés il y a des années pour remplacer l’utilisation des lamas. Les autochtones n’en voyant pas l’intérêt, les mules se reproduisent et se promènent tranquillement dans la “pampa” en attendant qu’on leur trouve une utilité.
La beauté ne fait pas le bonheur
Quelques jour à Salta, nous nous rendons au musée d’archéologie pour nous familiariser avec les coutumes et croyances incas. Nous apprenons ainsi que les plus beaux enfants du groupe étaient régulièrement choisis et sacrifiés en offrande aux dieux. Après quelques générations de reproduction entre “moches” qui survivent, à quoi pouvait donc ressembler cette population ? Le clou de la visite se termine par la vision d’un des 3 enfants sacrifiés au XVIe siècle et retrouvés il y a 20 ans au volcan Llullaillaco. Congelés depuis des centaines d’années et encore aujourd’hui cryogénisés, ils font partis des “momies” les mieux conservées au monde. Les plis de leur peau, leurs cheveux, sourcils, tout est là, comme s’ils étaient décédés hier. Fascinant ou morbide ?
Un peu plus près des étoiles
De retour au Chili (encore), nous visitons avec Aurélie et Baptiste les alentours de San Pedro de Atacama, lieu le plus aride du monde. Il y a ici des endroits où il n’a pas plu depuis 400 ans ! Étonnamment, il y demeure pour autant beaucoup de lagunes dans lesquelles nous pouvons nous baigner ou plutôt stagner bêtement. A l’image de la mer morte, le sel nous renvoie toujours à la surface. Impossible de nager lorsque nous luttons pour maintenir nos jambes et nos bras dans l’eau.
Traversé par le courant d’Humboldt et situé à une hauteur qui le rapproche un peu plus du soleil, le désert d’Atacama n’est plus tout jeune. Alors que de nombreux déserts se sont créés il y a seulement quelques milliers d’années, tel le Sahara qui fête aujourd’hui ses 5000 ans, celui-ci résiste depuis 7 à 20 millions d’années. Sans nuages et à une altitude élevée : c’est l’endroit idéal pour observer les étoiles. De nombreuses bases astronomiques s’y sont installées. Mais soyons honnêtes, en pleine nuit, armés de nos vélos et de nos lampes frontales, en direction de la vallée de la lune, nous n’avons rien vu de transcendant. Mauvais endroit ? Mauvaise période ? Chien-chien en revanche était ravi de nous avoir suivis durant quelques kilomètres pour admirer un superbe lever de soleil.
Gribouillis ou street-art ?
Nous découvrons les Geysers del Tatio aussi poétiquement nommés Tatio Maliku : l’ancêtre qui pleure. Ces 300 trous bouillants représentent 11% des geysers de la planète. Puis, direction les pétroglyphes de Yerbas Buenas, dont les premiers dessins gravés datent de 1500 avant JC. Les ancêtres en transhumance y racontèrent leurs vies avec plus ou moins de talent. Le lama est évidemment surreprésenté mais on y trouve aussi paraît-il un singe. A la manière des montreurs d’ours, des voyageurs en avaient ramené un de Bolivie. Il est encore aujourd’hui immortalisé sur ces pierres.
Tiens, tiens ?
- Vous trouviez que le rite des enfants sacrifiés était cruel ? C’est parce qu’on ne vous a pas dit qu’ils “survivaient” ! Épuisés par une longue marche, drogués et alcoolisés, dans le froid de la montagne, ils mouraient d’hypothermie pour se réincarner en dieux ! Ces gamins appartenaient en fait à l’élite et permettaient à leurs familles d’asseoir leur pouvoir.
- Originaires d’Amérique du nord, des apparentés du lama se sont aventurés à une époque lointaine sur d’autres continents afin de donner naissance au chameau. Mais le lama tel que nous le connaissons aujourd’hui est la création d’indiens Aymara et Quechua qui a force de sélections de vigognes et guanacos ont obtenu un animal plus rentable en laine, viande et capacité de tractage.
- Le cactus étant l’un des rares arbres de la région, il est utilisé pour la fabrication de meubles ou de toitures. Ces planches sont parfois assemblées grâce à de la peau de lama. On fait avec les moyens du bord. Admirez le travail !
- Que fait cette photo de passeport en haut de la page ? C’est celui de Che Guevara déguisé pour aller liberer la Bolivie de la dictature à l’âge de 37 ans.
- On s’est aperçu dans une galerie marchande de Cordoba que les prix des vêtements étaient au moins aussi cher qu’en France. Comptez en moyenne 70€ pour une robe. Mais pas de panique, ici on peut payer ses vêtements en 18 fois !