Retour de l’envahisseur
Première étape : Puerto Varas ! Les différents pays européens s’étant successivement appliqués à envahir le sud de l’Amérique, nous voilà arrivés au coeur d’un village à l’architecture allemande. C’est en 1853 que les migrants germaniques s’y installèrent avec le soutien du gouvernement chilien qui souhaitait peupler cette région. Le pays a pour cela offert des terres à l’Allemagne ainsi récompensée pour avoir été la première nation européenne à avoir reconnue l’indépendance du Chili. Maison en bois, Okteberfest ou gâteaux aux noix…, la culture germanique est bien là. Est-il cependant nécessaire d’inonder les boîtes de conserves des supermarchés ainsi que les sandwichs des snacks de “Chucrut” ?
Le volcan aux airs de Mont St Michel
Nous décidons d’aller randonner au volcan Osorno avec notre nouvel “ami-ennemi” breton que nous perdons en chemin. Le volcan est bien beau mais pour nous sa capacité principale réside dans le fait de chauffer les bains de manière naturelle. Attention : l’eau sort des gorges à 80°C !
Joyeux NaziNoël !
Bienvenue cette fois en Suisse à Bariloche ! A première vue, il y a bien des chalets, des montagnes, des lacs et du chocolat mais finalement, c’est de l’implantation nazie dont nous entendons parler ici. Dès 1945, la ville devient le refuge paradisiaque de criminels de guerre célèbres n’hésitant pas à vivre sous leur véritable identité. Erich Priebke, devenu charcutier puis directeur de collèges prestigieux, y fêtait tranquillement, tous les ans au mois d’avril, l’anniversaire du bien-aimé Hitler. Joseph Mengele, connu pour avoir pratiqué de sales expériences sur les prisonniers d’Auswitch, y avait quant à lui repris son activité de “médecin”.
C’est dans cette ambiance que nous passons le réveillon de Noël avec une douzaine de trentenaires sud américains. Au menu : des pizzas. Pas sûr que ce soit le repas traditionnel ! Avec nous : des joueurs de scopa et un enfant de 8 ans ayant reçu pour unique cadeau… une bombe à neige. La même que celle de la foir’fouille pour décorer les fenêtres. Il était aux anges.
Attention aux singes !
Arrivés à Pucon, nous gravissons fièrement le sommet San Sebastian et ses 1600m de dénivelé. Nous traversons des forêts d’araucaria aussi nommés “désespoir du singe”. Les épines de ce conifère empecheraient l’ascension de l’animal mais sa meilleure protection réside dans le fait qu’il n’y ait pas de singes au Chili.
Comme souvent dans ce pays, les sentiers grimpent sur des chemins truffés d’obstacles et se terminent par de l’escalade. Nous arrivons au sommet, sur de la neige éternelle. Ca mérite bien un p’tit sandwich knacki et une bouillie de maïs !
Le mystère des années 80 résolu
Valparaiso ! A première vue, l’architecture coloniale colorée et l’effervescence de la ville nous rappellent la Havane à Cuba. Mais chaque quartier à son style et son charme bien à lui. Nous arrivons en fanfare chez notre hôte, Ivelyn, professeure et plasticienne. Partout au Chili : dans les voitures, dans les snacks, dans les auberges, en compagnie de jeunes ou de vieux, Cindy Lauper hurle qu’elle veut juste du fun et Opus philosophe sur le fait que “Life is Life“. Mais cette fois-ci, le voisin d’Ivelyn a mis le paquet. Perché sur la colline, il régale tout le quartier des plus beaux tubes des années 80. Nous réclamons des explications ! La répression de ces chansons durant la dictature aurait fait naître chez les citoyens un plus grand désir d’écoute.
Viv’Valparaiso Viv’Ivelyn
Encore une fois, les hôtes chiliens sont charmants/entreprenants. Chaque sortie sans Ivelyn l’inquiète grandement. Nous parvenons à nous extirper pour fêter le jour de l’an avec un groupe de français nous évitant ainsi de passer une soirée à tenter comprendre le fort accent chilien amplifié par l’alcool. Le lendemain, direction le repas de famille chez Sergio et Elba, les adorables grands-parents d’Ivelyn. Nous retrouvons chez eux la douceur de nos propres grands parents, et surtout le souci que tout le monde mange à sa faim !
Nous passons ensuite quelques jours à déambuler dans les jolies rues de Valparaiso, à y découvrir ses artistes, à y rencontrer ses pêcheurs et ses habitants… Il faut dire qu’ici, il suffit de s’asseoir sur un banc public ou à la terrasse d’un café pour que les gens nous racontent leur histoire, celle de leur famille ou de leur pays. Rien n’est intime, rien est tabou, tout est dit et partagé ! Les revendications politiques sont au cœur des débats. La ville est connue pour son street-art mais nous nous rendons compte que cet art est ici plus qu’ailleurs et ce depuis des années, un moyen d’expression et de manifestation à part entière.
Nous profitons des miradors, de la plage, de la terrasse de notre hôte et des soirées avec ses amis… Et puis, nous réapprenons les paroles d’une chanson de Louise Attaque à Francisco, le fiancé d’Ivelyn, qui chantonne dans un français approximatif “Á l’amour éternel et pas artificiel !“
Tiens, tiens ?
- Les couleurs de Valparaiso viennent des taules de cargaisons de bateau récupérees pour protéger les maisons de la pluie. Les fonds de peinture antirouille ont été recyclées de la même manière.
- Sur les hauteurs de la ville il n’existe pas de réglementation d’urbanisme. Chacun construit son habitation là où il peut. Tout le monde sait visiblement bâtir un cabanon.
- Le revenu chilien moyen est de 550€, la pension retraite de 100€, l’abonnement au métro de 60€, le payement pour la scolarisation d’un enfant de 170€ et l’université de 300€ par mois. L’accès à la santé est encore une autre affaire. Ici, on travaille donc jusqu’à la fin de sa vie.
- Beaucoup de chiliens comparent leur pays à une dictature. Ont été recensées depuis le début des manifestations : 31 morts, 250 mutilations, 360 lésions oculaires, 2500 tortures et 10 viols effectués par la police réputée pour avoir des méthodes particulièrement violente. (A noter : ces chiffres sont ceux de tracts, articles et habitants)
On nous a souvent demandé si nous aimions danser…
Parce qu’ici on fait tourner les serviettes comme jamais !