Chiottes double et coupe de bois
La première expérience de couchsurfing, au milieu de la pampa de Puerto Tranquilo, fut originale. Chez Alejandro, un baraquement en tôle et en béton, sans eau ni électricité, abrite une pièce commune faisant office à la fois de cuisine et de dortoir pour une dizaine de voyageurs. Nous avions pris l’habitude de nous désaltérer aux rivières issues des glaciers mais moins de s’y laver. C’est gelé. Après tout, on n’est pas venu là pour s’embourgeoiser ! S’ensuivent repas communs et chansonnettes à la guitare et au kazoo, au coin du poêle et à la lumière de nos lampes frontales.
Malédiction sur le lac
C’est ici que nous découvrons la cathédrale de marbre. Le “monument religieux” est un ensemble de cavités creusées par les vagues du lac Général Carrera : le 2e plus grand lac d’Amérique latine. Selon la légende, la visite de ces grottes implique un mariage durant l’année. Heureusement, il ne nous restait plus que 20 jours à tenir pour clore l’année 2019 et contrer le mauvais sort.
Douce visite
Arrivés à Coyhaique chez “Négro”, ancien prof reconverti en documentariste, nous sommes happés par ses nombreuses anecdotes contant l’évolution de son pays et de sa ville. Passionné d’histoire, il nous présente en photos les régions du Chili à différentes époques. Nous constatons ainsi que la ville de Coyhaique habitée aujourd’hui par plus de 60 000 âmes n’était en 1960 qu’une simple ferme au milieu des montagnes occupée par quelques “gauchos”. Notre hôte nous relate aussi les particularités des habitants. “Dans cette région, nous sommes lents. On aime bien prendre notre temps.” “Sur l’île de Chiloé, ce sont de bons travailleurs. Un peu bourrus mais avec un grand cœur.” Très bien, nous irons voir cela de nos propres yeux !
Les secrets de mère nature
Nous profitons de notre remontée vers le nord pour faire un détour à Puyuhapi et au glacier colgante, suspendu entre deux montagnes, au beau milieu d’une forêt tropicale.
Poissons tout crus !
Sur notre trajet, les voyageurs rencontrés sont unanimes : l’île de Chiloe est un incontournable du Chili ! Arrivés sur place nous comprenons vite pourquoi. Il faut dire que ses côtes ressemblent étrangement à celles du Cotentin ! Ou serait-ce plutôt pour ses nombreuses églises en bois et ses palafitos : maisons colorées sur pilotis permettant aux pêcheurs d’y amarrer leurs embarcations voire de flairer le gros directement depuis leur terrasse ? Pour nous l’extase fut culinaire ! Poissons, fruits de mer à volonté et même fromage “pour français”. Les chilotes, rois du ceviche (tartare de poisson) et spécialistes du curanto (mélange étrange), nous ont convaincus. L’endroit mérite bien le détour !
Tiens, tiens ?
- Le Chili et l’Argentine n’ayant visiblement pas réussi à se mettre d’accord, le lac accueillant la cathédrale de marbre se nomme d’un côté de la frontière “Lac Général Carrera” et de l’autre “Lac Buenos Aires”.
- Les 60 églises de l’île de Chiloé furent construites à partir de 1612, lors de l’arrivée des jésuites espagnols. L’isolement et le manque de matériaux de l’île imposèrent des constructions faites de bois. Pour l’UNESCO, ces bâtiments religieux en bois sont un exemple exceptionnel de fusion réussie entre les traditions culturelles européennes et indigènes…
- Il faut vous avouer que nous n’avons pas goûté de “curanto”. Ce mélange de mollusques, palourdes, moules, porc fumé, poulet, saucisse, poisson blanc et pommes de terre ne nous a pas tenté. C’est pourtant un plat typique de la tribu mapuche, cuit autrefois sous la terre à l’aide de pierres chaudes.
- Pour aider les plus faibles, les chilotes pratiquaient autrefois le transfert de maisons en déplaçant l’habitat offert sur des rondins de bois. Pratique !